Civ III, 30 janvier 2002, Bull n° 17, N° 00-15-784

 

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Sur le premier moyen

 

Vu l'article 1147 du Code civil, ensemble l'article 1731 de ce Code ;

 

Attendu que le débiteur est condamné au paiement de dommages-intérêts à raison de l'inexécution de l'obligation ; que s'il n'a pas été fait d'état des lieux, le preneur est présumé les avoir reçus en bon état de répa­rations locatives et doit les rendre tels sauf la preuve contraire ;

 

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Reims, 22 mars 2000), que la société Établissements Bolmont (société Bol­mont) et les époux Bolmont sont convenus de mettre fin à l'amiable au bail qui les liait ; qu'après son départ des lieux loués, la société Bolmont a réclamé aux bail­leurs la restitution de son dépôt de garantie ; que, les époux Bolmont s'y étant opposés, la locataire les a assi­gnés pour qu'ils soient condamnés à cette restitution ; que les bailleurs ont reconventionnellement demandé une certaine somme à titre de dommages-intérêts pour réparations locatives ;

 

Attendu que, pour débouter les époux Bolmont de leur demande, l'arrêt retient que, depuis le jugement dont il est fait appel, l'immeuble dans lequel se trou­vaient les lieux loués a été vendu par les époux Bol­mont à un promoteur qui fa fait démolir pour construire à sa place une résidence, qu'il en résulte que les bailleurs, qui n'ont pas réalisé les travaux de remise en état et qui ne les réaliseront jamais, et qui ne démontrent pas avoir cherché à relouer les locaux ni avoir subi une privation de jouissance, sont mal fondés à demander à leur ancien locataire une indemnité pour la remise en état des lieux loués ;

 

Qu'en statuant ainsi, alors que l'indemnisation du bailleur en raison de l'inexécution par le preneur des réparations locatives prévues au bail n'est subordonnée ni à l'exécution de ces réparations ni à la justification d'un préjudice, la cour d'appel a violé les textes sus­visés ;

 

Par ces motifs, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur le second moyen

 

CASSE ET ANNULE, sauf en ce qu'il condamne solidairement les époux Bolmont à payer à la société d'exploitation des établissements Bolmont la somme de 37 500 francs avec intérêts au taux légal à compter du 11 octobre 1996, l'arrêt rendu le 22 mars 2000, entre les parties, par la cour d'appel de Reims ; remet, en conséquence, quant à ce, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel d'Amiens.