Le démarchage financier : bilan et perspectives

 

Mémoire de DEA de Droit des Affaires 2002-2003

 

Université Paris XII – Val de Marne

 

par

 

Haroun BOUCHETA

hboucheta@hotmail.com

Présentation du mémoire :

Le démarchage financier est avant tout une forme de démarchage, c’est-à-dire une technique commerciale consistant pour un vendeur à solliciter un consommateur à sa résidence ou à son lieu de travail, ou plus généralement dans tout lieu qui n’est pas par nature destiné à la commercialisation, afin de lui proposer l’acquisition d’un bien ou d’un service à titre onéreux.

Cette méthode de vente est utilisée dans tous les domaines de l’industrie et des services et prend souvent la forme d’une vente directe lorsque le rapport entre le vendeur et le client est établi sans aucune intermédiation

Mais plutôt que de parler de " clients ", mieux vaut employer le terme " consommateurs ". La personne démarchée est en effet considérée par la loi comme un consommateur car, prise à l’improviste, elle peut être amenée à acquérir un bien ou un service sans réel besoin ni connaissance du marché, et ceci du fait de la persistance, plus que de la pertinence, du démarcheur.

A l’inverse, le démarchage présente certains avantages indéniables pour le consommateur, notamment le fait de lui révéler sans aucun déplacement de sa part l’existence d’un produit ou d’un service qu’il n’aurait pas acquis faute d’information.

C’est pourquoi, le démarchage est vu avec méfiance non seulement par la loi mais aussi par les tribunaux qui sont les témoins des abus que peut engendrer cette technique de vente, particulièrement en période de crise économique.


Mais lorsque le démarchage a pour but la conclusion d’un contrat portant sur des opérations financières, le régime spécial du démarchage financier est applicable.
Concernant justement le démarchage financier, les adjectifs ne manquent pas pour qualifier son cadre législatif. " Far west du monde financier " ou même " véritable maquis au sein duquel l’orientation à suivre est devenue quasiment impossible ", la législation sur le démarchage est la cible de nombreuses et anciennes critiques. La presse financière relate périodiquement les mésaventures d’épargnants, appâtés par les promesses de gains, qui ont été victimes de procédés frauduleux de sollicitation

Le démarchage financier pourrait paraître a priori comme étant secondaire car il ne représente que le moyen pour les entreprises de négocier des instruments financiers. Pourtant, le démarchage est indissociable de toute activité commerciale. En matière financière plus particulièrement, en pratique le démarchage constitue véritablement le passage obligé dans la négociation d’instruments financiers opérée tant par les établissements de crédit, que par les établissements financiers et les entreprises d’investissements.

C’est ainsi qu’il est possible de distinguer deux phases caractéristiques à la gestion financière. En aval, l’activité de gestion de produits et de services financiers, partie émergée de l’iceberg, et en amont, la commercialisation et la distribution de ces mêmes produits et services financiers.
Or, de cette structure bipartite propre au secteur financier, apparaît un paradoxe : alors que l’activité de gestion de produits et de services financiers a progressivement bénéficié d’aménagements législatifs efficaces, la commercialisation et la distribution de ces mêmes produits ont peu été modifiées et restent encore aujourd’hui régies par un dispositif légal et réglementaire à la fois hétérogène et en décalage avec les nouvelles techniques de prospection de la clientèle. Le dispositif est hétérogène car le démarchage financier est conjointement encadré par plusieurs droits. Par le droit financier qui est composé de différents textes aujourd’hui codifiés s’appliquant directement au secteur financier. Par le droit de la consommation composé de textes relatifs à la protection du consommateur ne s’appliquant au secteur financier que par exception. Enfin par le droit pénal, et les principes de la responsabilité civile, trouvant à s’appliquer en cas de démarchage financier illicite.

Cette pléthore de textes ne concourt pas à la sécurité juridique tant des épargnants que des démarcheurs, d’autant plus que l’avènement de nouveaux modes de sollicitation a substantiellement modifié la donne.

La loi de sécurité financière du 1er août 2003 réforme de manière profonde le droit du démarchage financier et se propose de combler les lacunes existantes.


Pour autant la question reste entière : le droit, entendu dans son acception générale, à une époque où les modes de sollicitation de la clientèle ont considérablement évolué, et où la globalisation est une composante inhérente aux échanges boursiers, assure-t-il un niveau de protection suffisant tant pour les consommateurs épargnants que pour toute la chaîne des acteurs de l’économie  financière.
Cette question se pose avec d’autant plus d’acuité que le contexte économique actuel favorise grandement non seulement le développement du contentieux impliquant des procédés de démarchage mais aussi la perte de confiance dans l’économie de marché.

Dans une vision que l’on a souhaité prospective, l’exégèse des différents textes applicables aura pour finalité de démontrer que le cadre juridique du démarchage financier étant obsolète (PARTIE 1) une réponse législative de grande envergure était devenue nécessaire. C’est chose faite, même si la réforme issue de la loi de sécurité financière reste perfectible (PARTIE 2) et peut être améliorée.